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les tapisseries


Avons-nous déroulé le manteau de nos peines,
Plus profond, plus épais qu’un écheveau d’amour.
Avons-nous délivré du réseau de nos haines
Les pieds immaculés du roi du dernier jour.

Avons-nous déroulé ces toisons et ces laines,
Plus moites de regrets qu’un écheveau d’amour.
Avons-nous libéré du fatras de nos haines
Les pieds silencieux du roi du dernier jour.

Avons-nous déposé l’escabeau de nos fronts
Sous les pieds les plus chers et les plus malheureux.
Avons-nous étendu le manteau de nos vœux
Entre une face auguste et les derniers affronts.

Avons-nous étendu le manteau de nos peines
Sur l’usure et les trous d’une pauvre tunique.
Avons-nous replié le tissu de nos haines
Pour en désentraver les pieds du fils unique.

Avons-nous incliné le fronton de nos têtes
Pour servir d’escabeau sous les pieds les plus chers.
Avons-nous déroulé le manteau de nos fêtes
Pour en vêtir le pauvre en plein cœur des hivers.