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ÈVE


C’était un battement comme un réseau de mer
Qui se roule et déroule au creux des vagues rondes.
C’était un flottement comme un filet amer
Que l’on a recoulé dans les vagues profondes.

Et ce sang qui devait un jour sur le Calvaire
Couler comme une offrande et comme une rosée,
Le dur sang du martyr et le sang funéraire
Était comme le lin d’un voile d’épousée.

Et ce sang qui devait couler sur le Calvaire
D’une quadruple plaie et d’une plaie au flanc
N’était dans la pénombre et la douce lumière
Que le réseau d’amour d’un enfant rose et blanc.

Sous une peau plus douce et frêle et transparente
Que la peau du raisin quand il devient doré,
Sous une peau plus fine et grêle et déférente
Que la peau d’un raisin humide et mordoré.

Et ce sang qui devint une épaisse liqueur
N’était qu’une fluide et transparente sève.
Et ce cœur qui devint l’inépuisable cœur
Ne poursuivait qu’un jeune et délectable rêve.