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ÈVE


Et sa tempe battait d’un sang si généreux
Que sa tête sonnait comme un jeune tambour.
Et son cœur se gonflait d’un sang si chaleureux
Que tout son corps tremblait de ce nouvel amour.

Un pli du bras portait l’impérissable tête.
Et c’est ce pli du bras qu’on nomme la saignée.
Il admirait tout bas quelque invisible fête.
Il était comme une aube éclatante et baignée.

Juste le pli du bras portait la tête blonde.
Les membres détendus formaient comme un recueil.
Tout était jeune alors, et le sauveur du monde
Était un jeune enfant qui jouait sur un seuil.

Dans le creux de ce pli roulait la tête ronde.
(La même qui fut mise en un pauvre cercueil).
Tout s’appesantissait dans cette nuit profonde,
La même qui tomba sur un suprême deuil.

Tout en lui reposait et ses lèvres lactées
Riaient et s’entr’ouvraient comme une fleur éclose.
Et le sang nouveau-né sur ses lèvres de rose
Courait dans le réseau des veines ajourées.