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les tapisseries


Et c’est depuis ce jour que vous avez monté
Des degrés plus ardu que des degrés de marbre.
Et c’est depuis ce jour que vous avez compté
Vos comptes éternels à l’ombre d’un autre arbre.

Et c’est depuis ce jour que vous avez monté
Un escalier plus dur qu’un escalier d’exil.
Et c’est depuis ce jour que vous avez chanté
Un adieu plus poignant qu’une chanson d’avril.

Et c’est depuis ce jour que vous avez traîné
Un regret prosterné jusque sur votre seuil.
Et c’est depuis ce jour que vous avez mené
Un secret dérobé dans les plis d’un long deuil.

Les autres n’ont connu que d’être malheureux.
Mais vous avez connu d’inventer le secret.
Et vous avez connu d’inventer le regret.
Et de les enfermer dans un cœur douloureux.

Et vous avez connu première de monter
Des degrés sans grandeur et sans processions.
Et vous avez connu de ceindre et de porter
Des regrets plus amers que des possessions.