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les tapisseries


Emplit tout l’horizon de l’un à l’autre bord,
Et se prolonge et règne et va de part en part,
Ainsi qu’un beau sourire et qu’un pauvre regard
Emplit tout un destin de l’une à l’autre mort.

Les autres n’ont connu que le torve et le courbe.
Mais vous avez connu la première droiture.
Les autres n’ont connu que la lie et l’ordure.
Vous avez inventé d’entrer dans cette tourbe.

Les autres n’ont connu que la morne imposture.
Mais vous avez connu l’auguste vérité.
Les autres n’ont connu que la morne luxure.
Mais vous avez connu la jeune austérité.

Et je vous aime tant, première infortunée.
Les autres n’ont connu que d’être sans fortune.
Et nous voici debout sur la plus haute hune
Et nous ne voyons rien qu’une mer démontée.

Et nous avons sombré devers quelque lagune,
Dans la vase et le sable et dans les goémons.
Et nous sommes rentrés dans les premiers limons,
Dans les algues de mer et dans la loi commune.