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les tapisseries


Vous savez aujourd’hui ce que tout homme escompte.
C’est une grosse gloire à la hâte entassée.
Mais vous savez aussi ce que tout homme compte.
C’est une chère peine à la longue amassée.

Nous voici désormais parmi tant de partage.
Chacun veut battre l’autre et faire l’important.
Mais vous qui les voyez au seuil de l’héritage :
Quand on possédait tout, on ne comptait pas tant.

Voici nos valeureux qui font tant de batailles.
Ne se battent jamais pour le souverain bien.
Voici nos malheureux qui font tant de ripailles.
Mais quand on avait tout, on ne gaspillait rien.

Voici nos sages fous qui font tant de réserves.
Voici le péager, voici le publicain.
Voici nos grands savants qui nous font des conserves.
Mais quand on avait tout, on ne conservait rien.

On ne nourrissait pas pour les sept vaches maigres
Vers le Nil donateur les belles vaches grasses.
On ne ménageait pas les sources et les grâces.
Toutes coulaient toujours et demeuraient intègres.