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les tapisseries


Vous avez pu ranger la brebis et l’agneau
Et le berger lui-même : après qu’il eut péri.
Vous rangez le bercail, vous rangez le chevreau.
Et vous rangez le loup : quand il est assouvi.

Vous rangez l’eau bénite et le lit mortuaire
Et le lit nuptial de l’homme enseveli,
Vous rangez le crédit et la loi somptuaire
Et l’amour filial : quand le fils est parti.

Vous rangez l’escabeau, vous rangez le suaire,
Vous rangez l’appareil des appareillements.
Vous rangez le caveau, vous rangez l’ossuaire,
Vous rangez le recueil et les recueillements.

Vous rangez le silence et le drap funéraire
Et vous fermez ces yeux quand l’homme en est parti.
Vous rangez la présence et l’urne cinéraire
Et vous baisez ce front, quand l’homme en est sorti.

Ô femme qui fermez les regards bleus et noirs
Et les regards profonds des yeux les plus aimés,
Épouse qui fermez pour le dernier des soirs
Le reconnaissement des yeux accoutumés.