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sait comment il se fait que ces arbres aujourd’hui sont devenus quarantenaires). Nous y revînmes du lycée, quand devenus jeunes lycéens nous entretenions des concours constants de sports avec les jeunes normaliens. Car on venait d’inventer aussi le sport, et de fonder cette autre fondation. Mais ceci m’entraînerait dans des complexités.

Ainsi M. Naudy vint vers nous comme un surdirecteur. Officiellement il ne dirigeait que l’École Normale. Mais son activité débordante ne pouvait ignorer, ou négliger la filiale. Dirai-je qu’il me distingua. Ce serait parler grossièrement. Il se fit bientôt mon maître et mon père. J’ai dit plus haut qu’il était l’homme du monde à qui je devais le plus : il me fit entrer en sixième.

Le fils de bourgeoisie qui entre en sixième comme il a des bonnes et du même mouvement ne peut pas se représenter ce point de croisement que pouvait être pour moi d’entrer ou de ne pas entrer en sixième ; et ce point d’invention, d’y entrer. J’étais déjà parti, j’avais déjà dérapé sur l’autre voie, j’étais perdu quand M. Naudy, avec cet entêtement de fondateur, avec cette sorte de rude brutalité qui faisaient vraiment de lui un patron et un maître, réussit à me ressaisir et à me renvoyer en sixième. Après mon certificat d’études on m’avait naturellement placé, je veux dire qu’on m’avait mis à l’École primaire supérieure d’Orléans, (que d’écoles, mais il faut bien étudier), (qui se nommait alors l’École professionnelle). M. Naudy me rattrapa si je puis dire par la peau du cou et avec une bourse municipale me fit entrer en sixième à Pâques, dans l’excellente sixième de M. Guerrier. Il faut qu’il fasse

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