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l’argent


font, à ce qu’ils disent qu’ils sont, à ce qu’ils disent qu’ils disent. C’est une maldonne tout à fait analogue à celle qui se produit constamment dans la célèbre grande renaissante querelle des romantiques et des classiques. Et des anciens et des modernes. Pourvu qu’un homme parle de la matière classique et pour peu qu’il se déclare partisan du classique, aussitôt il est entendu que c’est un classique. On ne fait pas attention qu’il pense comme un fanatique, sans ordre, et qu’il écrit comme un énergumène, et comme un frénétique, sans ordre et sans raison, et qu’il parle du classique en romantique, et qu’il défend et qu’il prêche le classique en romantique, et qu’il est donc un romantique, un être romantique. Et nous, qui ne faisons pas tant de foin, c’est nous qui sommes classique.

Et les théoriciens de la clarté font les livres troubles. Pareillement, et encore, dès qu’un auteur travaille dans la matière chrétienne nous le faisons chrétien ; écrivit-il dans un profond désordre, nous en faisons le restaurateur de l’ordre ; et sa mécanique de scène fût-elle exactement celle de Marie Tudor et d’Angelo,[1] et celle de Lucrèce Borgia, nous ne voulons pas voir qu’au théâtre il est un romantique. Et un forcené.

Nos vieux maîtres n’étaient pas seulement des hommes de l’ancienne France. Ils nous enseignaient, au fond, la morale même et l’être de l’ancienne France. Je vais bien les étonner : ils nous enseignaient la même

  1. Tyran de Padoue.
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