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exploiter un pays, mais que tout le monde, et même les radicaux, le trouvent vraiment impossible pour le gouverner.

Sous cette réserve tout le monde fait du jauressisme et ainsi dedans tout le monde fait du radicalisme. Je dis tout le monde dans les partis politiques. Et même et peut-être surtout ceux qui se vantent le plus de n’en pas faire, et de faire le contraire. Les unifiés en font, mais les syndicalistes aussi en font, et autant, et le même. En France tout le monde est radical. (Je ne dis pas dans le gouvernement, je dis dans la politique). Le peu qui ne sont pas radicaux sont cléricaux, et c’est la même chose.

C’est une grande misère que de voir des ouvriers écouter un Jaurès. Celui qui travaille écouter celui qui ne fait rien. Celui qui a un outil dans la main écouter celui qui n’a dans la main qu’une forêt de poils. Celui qui sait enfin écouter celui qui ne sait pas, et croire que c’est l’autre qui sait.

À présent que l’on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas : Je dis : Nous avons connu un peuple que l’on ne reverra jamais. Je ne dis pas : On ne verra jamais de peuple. Je ne dis pas : La race est perdue. Je ne dis pas : Le peuple est perdu. Je dis : Nous avons connu un peuple que l’on ne reverra jamais.

On en verra d’autres. Depuis plusieurs années des symptômes se multiplient qui laissent entrevoir un avenir meilleur. Aujourd’hui est meilleur qu’hier, demain sera meilleur qu’aujourd’hui. Le bon sens de ce peuple n’est peut-être point tari pour toujours. Les vertus uniques de la race se retrouveront peut-être. Elles se retrouveront sans doute. Il faut seulement

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