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l’argent


tant l’autre ; l’autre reportant l’une. Cette pauvreté de pensée, peut-être unique dans l’histoire du monde, ce manque de cœur qui est en politique la marque propre du parti radical a dans un commun jauressisme gagné tout le parti socialiste politique et de proche en proche le parti syndicaliste. Tout ce monde-là est au fond du monde radical. Même indigence, même lamentable pauvreté de pensée. Même manque de cœur. Même manque de race. Même manque de peuple. Même manque de travail. Même manque d’outil. Partout les mêmes embarras gauches. Partout les mêmes éloquences. Partout le même parlementarisme, les mêmes superstitions, les mêmes truquements parlementaires, les mêmes basculements. Partout ce même orgueil creux, ces bras raides, ces doigts d’orateurs, ces mains qui ne savent pas manier l’outil. Partout ces mêmes embarras métaphysiques. Et ces têtes comme des noisettes. Ils ont pu donner une autre matière, un autre point d’application à leur radicalisme, ou faire semblant. Mais le mode même et l’être de leur radicalisme est le même. Même infécondité profonde et même même besoin d’infécondité. Et ce même besoin profond de ne point être rassurés, sur les autres, sur eux-mêmes, tant qu’ils n’éprouvent pas ce bon sentiment d’infécondité. Ce désarroi perpétuel, cette anxiété, cette mortelle inquiétude, cette alerte perpétuelle, cette constante épouvante qu’il n’y ait, qu’il ne vienne quelque part de la fécondité, qu’il ne se fasse, qu’il ne vienne, qu’il ne se fonde, qu’il ne naisse quelque vie, quelque race, quelque œuvre.

Je ne veux point revenir ici sur ce nom de Jaurès. L’homme qui représente en France la politique impé-

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