ne rien faire sur les chantiers. Ils aimeraient mieux
travailler. Ils ne sont pas en vain de cette race laborieuse.
Ils entendent cet appel de la race. La main qui
démange, qui a envie de travailler. Le bras qui s’embête,
de ne rien faire. Le sang qui court dans les veines.
La tête qui travaille et qui par une sorte de convoitise,
anticipée, par une sorte de préemption, par une véritable
anticipation s’empare d’avance de l’ouvrage fait.
Comme leurs pères ils entendent ce sourd appel du
travail qui veut être fait. Et au fond ils se dégoûtent
d’eux-mêmes, d’abîmer les outils. Mais voilà, des messieurs
très bien, des savants, des bourgeois leur ont
expliqué que c’était ça le socialisme, et que c’était ça
la révolution.
Car on ne saurait trop le redire. Tout le mal est venu de la bourgeoisie. Toute l’aberration, tout le crime. C’est la bourgeoisie capitaliste qui a infecté le peuple. Et elle l’a précisément infecté d’esprit bourgeois et capitaliste.
Je dis expressément la bourgeoisie capitaliste et la grosse bourgeoisie. La bourgeoisie laborieuse au contraire, la petite bourgeoisie est devenue la classe la plus malheureuse de toutes les classes sociales, la seule aujourd’hui qui travaille réellement, la seule qui par suite ait conservé intactes les vertus ouvrières, et pour sa récompense la seule enfin qui vive réellement dans la misère. Elle seule a tenu le coup, on se demande par quel miracle, elle seule tient encore le coup, et s’il y a quelque rétablissement, c’est que c’est elle qui aura conservé le statut.
Ainsi les ouvriers n’ont point conservé les vertus ouvrières ; et c’est la petite bourgeoisie qui les a conservées.