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CAHIERS DE LA QUINZAINE

L’argent. — L’auteur de ce cahier, — du cahier qui vient, du cahier dont celui-ci n’est que l’avant-propos, — est l’homme à qui je dois le plus. J’étais un petit garçon de huit ans, perdu dans une excellente école primaire, quand M. Naudy fut nommé directeur de l’École Normale du Loiret.

Rien n’est mystérieux comme ces sourdes préparations qui attendent l’homme au seuil de toute vie. Tout est joué avant que nous ayons douze ans. Vingt ans, trente ans d’un travail acharné, toute une vie de labeur ne fera pas, ne défera pas ce qui a été fait, ce qui a été défait une fois pour toutes, avant nous, sans nous, pour nous, contre nous.

Dans toute vie il y a de ces quelques recroisements, toute vie est commandée par un très petit nombre de ces certains recroisements ; rien ne se fait sans eux ; rien ne se fait que par eux ; et le premier de tous commande tous les autres et directement et par eux tout le reste.

C’était le temps des folies scolaires. Les réactionnaires nommaient folies scolaires, dans ce temps-là, de fort honnêtes constructions, en briques ou en pierres de taille, où on apprenait à lire aux enfants. Ces folies scolaires étaient commises par l’État, par les départe-

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