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AVANT-PROPOS


Certains sujets se justifient d’eux-mêmes ; tel est, je pense, le cas du mien. Condorcet a joué un rôle trop considérable pour ne pas mériter une étude critique ; cette étude critique fait encore défaut. Les ouvrages de M. Charma, de M. Gillet ne peuvent rendre aucun service aux historiens : ceux d’Arago et du Dr Robinet, infiniment plus sérieux, et, le premier surtout, d’une autre valeur, ne sont ni complets, ni scientifiques. J’ai essayé de combler la lacune, et de donner à tous ceux qui s’intéressent à la Révolution, le moyen d’approcher de plus près le grand philosophe républicain.

Pour rendre mon effort efficace, j’ai dû le limiter. Le temps, la place et la compétence me manquaient également pour suivre pas à pas le dernier des encyclopédistes dans toutes les phases de sa vie, dans toutes les parties de son œuvre. En circonscrivant, comme je l’ai fait, la matière de mon volume, je crois y avoir retenu tout l’essentiel de Condorcet. Celui-ci a été un savant, mais il a quitté les sciences de bonne heure ; s’il leur a dû sa situation, sa carrière, sa notoriété d’antan, il ne leur doit point sa gloire actuelle. Ce qui demeure de Condorcet, c’est l’homme politique ; et c’est homme politique que Condorcet a surtout désiré devenir. Avant 1789, les circon-