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l’assemblée de ses compagnons. C’est pourquoi les Sounnites, dont nous parlerons plus loin, les appellent Kalifes légitimes, el-Kroulafa errâchidîne, pour les distinguer des autres kalifes ou souverains qui, après la mort d’Ali, se sont emparés du pouvoir par la force ou l’intrigue, sans l’assentiment des compagnons du Prophète, qui étaient les vrais représentants du peuple.

Ces quatre kalifes, qui ont régné au commencement du premier siècle de l’hégire, sont : 1° Abou-Bekr-S’eddiq ; 2° ’Omar-ben-Kretthab ; 3° ’Otsmane ; 4° ’Ali. Ils faisaient partie des compagnons du Prophète.

Après la mort de Mahomet, le Koran, qu’il avait publié par portions, se trouvait répandu manuscrit parmi ses compagnons. Sur l’ordre du premier kalife, Abou-Bekr, toutes ces portions furent recherchées et réunies en un seul livre, en l’an 13 de l’hégire. Sous le kalifat d’Otsmane, les anciens compagnons du Prophète entreprirent une revue et une correction des divers exemplaires du Koran ; l’édition qui en résulta, et dans laquelle Otsmane admit comme fondamental le dialecte koréïchite, fut envoyée dans tous les pays où l’islamisme avait pris racine. Les exemplaires antérieurs furent recueillis de tous côtés et anéantis. C’est en cet état que, depuis lors, le Koran s’est maintenu jusqu’à ce jour. (De Tornauw, p. 15.)

Les quatre premiers kalifes rendaient la justice soit par eux-mêmes, soit par leurs agents, d’après le Koran. Quand le Koran était obscur ou insuffisant, ils se reportaient à la tradition, et lorsque cette tradition ne pouvait suffire, ils décidaient d’après leur appréciation, idjtihâd, en consultant l’esprit tant du Koran que de la tradition.