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l’Europe entière ait porté son or au cupide Chinois pour obtenir les moyens de préparer cette tisanne que l’on rejetterait si le thé était indigène ; que l’Europe envoie pour cela dans l’Inde plus de 50 millions par an, sans qu’aucune parcelle de cet or repasse dans notre commerce[1] ; qu’un impôt mis sur le thé arme les Américains, les rende indépendans, et soit la cause des combats qui ont fondé les États-Unis ; voilà ce qui doit étonner l’homme qui connaît le mieux les bizarreries humaines. Mais ces résultats surprenans d’un goût inexplicable doivent nous engager à examiner le thé sous les rapports de l’histoire naturelle, de l’hygiène, et de sa nature chimique.

  1. Raynal va bien plus loin. « En 1766, dit-il, il a été exporté de la Chine et du Japon six millions pesant de thé par les Anglais, 4 millions 500 mille livres par les Hollandais, 2 millions 400 mille livres par les Suédois, autant par les Danois, et 2 millions 100 mille livres par les Français. Total, 17 millions 400 mille livres. Mais comme les Anglais consomment environ 12 millions de thé par an, et que le prix commun de ce comestible est de 6 fr., il faut donc pour cet objet 72 millions de dépense par an. »