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xxiv
ANALYSE DE LA CRITIQUE


elles appartiennent à une conscience. Cette conscience n’est pas celle que je puis avoir de mes diverses représentations, car celle ci est en quelque sorte éparpillée dans chacune déciles ; et, s’il n’y en avait pas d’autre, le moi serait aussi divisé et aussi bigarré que les représentations dont j’ai conscience. Il faut donc, pour que je puisse me représenter l’identité de ma conscience à travers la diversité de mes représentations, que je les unisse l’une à l’autre en une seule et même conscience qui en exprime la synthèse. Ce n’est qu’à cette condition que je puis les appeler toutes miennes (v. p. 162) ; et cette condition, qui est le principe de l’identité de l’aperception même, précède à priori toute intuition déterminée. Ce n’est pas en effet des objets mêmes que la liaison de nos représentations peut être tirée par la perception pour être ensuite reçue dans l’entendement : elle est uniquement une opération de l’entendement, qui n’est lui-même autre chose que la faculté de former des liaisons à priori et de ramener la diversité des représentations données à F unité de l’aperception.

Cette unité originaire est essentiellement synthétique. L’identité de la conscience de soi-même exprime bien une vérité ana lytique ; mais cette unité ne pourrait être conçue sans la diversité des représentations qu’elle sert à relier et qui nous viennent des sens, puisque notre entendement n’est pas intuitif, mais simplement discursifs et que sa fonction, qui est de penser, consiste précisément à ramener cette diversité à l’unité. Quand donc je dis que j’ai conscience d’un moi identique, cela revient à dire que j’ai conscience de la synthèse qui doit nécessairement servir de lien aux diverses représentations, et c’est pourquoi aussi l’on peut dire que l’unité originaire de l’aperception est une unité synthétique.

Là est le principe suprême de tout l’usage de l’entendement » et par conséquent de toute la connaissance humaine. De même qu’au point de vue de la sensibilité toutes nos intuitions sont

    rences ; mais cette comparaison prendrait trop de place, et elle n’est pas essentielle : elle ne relèverait pas en effet un changement réel dans le fond même des idées, mais un nouveau développement des mêmes idées. Je me contente donc de renvoyer le lecteur à la traduction que j’ai donnée du premier travail de Kant dans l’appendice placé à la fin du second volume (p. 411 —485), lui laissant le soin de le rapprocher du dernier, s’il le juge à propos.