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ANALYSE DE LA CRITIQUE


peut être considérée comme nn ensemble de représentation » partielles telles que celles que nous pouvons tirer de l’expérience.

De même que Kant s’est servi de l'exemple de la géométrie pour confirmer son analyse de l’espace, il confirme celle du temps par l'exemple de la théorie générale du mouvement : l'idée même du mouvement (changement de lieu), comme celle de tout changement, n’est possible que par celle du temps ; et celle-ci ne pourrait expliquer la possibilité de toutes les proportions synthétiques qui se rattachent à celle-là, si elle n’était pas elle-même une intuition à priori.

Il résulte de l’analyse qui précède, que le temps n’est pas quelque chose qui existe par soi-même, car il faudrait pour cela qu’il existât réellement en dehors des objets réels, ce qui n’a pas de sens ; — ni une propriété inhérente aux choses mêmes, car dans ce cas il ne pourrait être connu à priori et servir lui même à percevoir les objets. Qu’est-ce donc que le temps ? Rien autre chose que la forme du sens extérieur, comme l’espace est la forme des sens intérieurs. Il détermine le rapport des représentations dans notre état intérieur, et par là celui des phénomènes extérieurs, de telle sorte qu’il est ainsi la condition immédiate des phénomènes intérieurs et la condition médiate des phénomènes extérieurs (v. p. 89). On peut donc dire du temps, comme de l'espace, qu’il n’est rien en dehors du sujet, puisqu’il n’est autre chose qu’une condition subjective de nôtre manière de percevoir les choses, en nous et hors de nous. Il a bien une valeur objective en ce sens qu’il s’applique à toutes les choses que peut nous offrir l’expérience ; mais il n’a pas de réalité absolue, en ce sens qu’il n’est pas une chose en soi, ou une propriété inhérente aux choses en soi, abstraction faite de notre manière de percevoir (v. p. 91).

Que si l’on objecte contre cette théorie qu’il y a des changements réels, ne fût-ce que la succession de nos propres représentations, et que, puisque ces changements ne sont possibles que dans le temps, le temps est donc bien aussi quelque chose de réel (v. p. 92) ; Kant répond que nous ne nous représentons comme des changements les déterminations de notre être qu’en vertu de notre constitution sensible, et que, si nous pouvions avoir de nous-mêmes une autre intuition, une intuition indépendante de