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ANALYSE DE LA CRITIQUE


comment la métaphysique est possible à titre de science (v. p., 65-66).

Ainsi, tandis que l’usage dogmatique de la raison sans critique ne conduisait qu’à des assertions sans fondement, la critique de la raison conduit à la science, ou plutôt elle est une science, science circonscrite, puisqu’elle ne s’occupe que de la raison même, mais science solide autant qu’indispensable (v. p. 67)

La critique de la raison pure, vestibule de la philosophie transcendentale.

La Critique de la raison pure, en tant que science se bornant à examiner cette faculté, ses sources et ses limites, n’est d’ailleurs que le vestibule, ou ce que Kant appelle d’un terme technique, la propédeutique, d’un organum de la raison pure qui contiendrait le système complet de tous ses principes, et auquel on pourrait donner le nom de philosophie transcendentale. Notre philosophe ne se propose pas ici de tracer ce système, qui em brasserait toute la connaissance à priori, mais de nous fournir une pierre de touche qui nous permette de reconnaître la valeur ou l’illégitimité de toute cette connaissance.

Il faut encore ajouter qu’il ne s’agit à présent que de la raison pure spéculative (1)[1], parce que, si les principes fondamentaux de la morale sont à priori, tout ce qui est pratique s’appuie sur des mobiles ou sur des sentiments dont les sources sont empiriques, et que l’on doit ici faire abstraction de tout élément empirique.

L’idée de la critique de la raison pure étant ainsi déterminée, il est temps d’en aborder l’étude. Une grande division se présente d’abord : 1o Théorie élémentaire ; 2o Méthodologie. Chacune d’elles a ses subdivisions, que j’indiquerai à mesure qu’elles se présenteront. La première est l’Esthétique transcendentaîe,

  1. (1) Je dois rectifier ici ce que j’ai dit dans une note de mon Examen des fondements de la métaphysique des mœurs et de la critique de la raison pratique (p. 2). Ce n’est pas la raison tout entière, la raison pratique comme la raison spéculative, mais seulement cette dernière, que Kant comprend sous le titre de Critique de la raison pure. Il ouvrira bien, chemin faisant, des perspectives sur le domaine de la raison pratique, et (ce qui m’avait trompé) il ne terminera pas son travail sans avoir montré dans cette raison pratique le complément nécessaire de la raison spéculative, comme s’il avait à cœur de réparer tout de suite les lacunes de celle-ci ; mais l’objet propre de la Critique de la raison pure est uniquement, comme Kant le déclare ici expressément,. la raison pure spéculative ou théorétique.