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muscles de son bras, écouta dans la nuit les battements de son cœur, mesura du regard, en profondeur et en surface, l’Humanité qui se tordait devant lui sur son lit de douleurs, et s’écria :

« Sois béni, Christ ! Mes bras sont grands, mon cœur résonne ; je suis assez fort pour continuer ton œuvre et gravir le Calvaire où tu marquas tes pas ! »

Et dès qu’il eût juré cette haine implacable au Despotisme et à l’Iniquité, cet homme, Armand Barbès, prit dans sa main de fer le fusil des batailles, descendit dans la rue pavée d’hommes, et se battit comme se battent le lion et le gladiateur thrace dégagés de leurs chaînes. — C’était le 12 mai 1839……

Et ce Barbès, hélas ! fut abandonné du peuple qu’il voulait délivrer, trahi, vaincu, malmené par les soldats, et plongé dans les cachots de Louis-Philippe, le vieux batteur de monnaie !

330 Voilà le Christ ! Voilà l’Homme ! Ecce Homo ! — Nous sommes au Jardin des Oliviers, à la veille des Azymes.

Salut ! Barbès, Salut ! !


Il est haut le moderne Golgotha ! Pour y monter, il faut parcourir le long, le rude chemin qui s’étend du prétoire d’Hébert, successeur de Pilate, aux masses crénelées du mont Saint-Michel. Je ne décrirai pas ce trajet de tortures, ces éternelles années d’emprisonnement et d’angoisses. Je n’en ai pas le droit, je n’en ai pas la force, moi qui