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L’Homme, enfant du Bonheur et de la Liberté, le pareil de ceux que vous appelez les bâtards[1], ô civilisés misérables ! Et que je nomme les grands, les forts, les légitimes, les entiers, les hommes de race, de sang et de cœur !

Salut ! Christ, conçu, mourant dans une promesse d’amour. Salut ! Salut ! !

Voilà l’Homme ! Ecce Homo !


N’est-il pas grand ainsi ? N’est-il pas aussi majestueux, aussi fier, aussi plein d’audace et de puissance que vous puissiez le rêver ? N’est-il pas radieux de la sublime ambition que donne la soif de l’éternelle gloire ? Quelle auréole de sacristie vous faut-il encore à son front ? L’aimez-vous mieux surnaturel, incompréhensible, irrévélé,

  1. Pour cette appréciation des bâtards, je diffère encore complètement et à mon grand regret de nos plus illustres démagogues instructeurs. Dans un meeting tenu par les réfugiés français à Londres en 1852 pour l’anniversaire de la Révolution provisoire de février, M. Louis Blanc ne trouva pas de plus sanglante insulte à l’adresse de Louis-Napoléon Bonaparte que l’appellation de bâtard. Il le nomma bas, bâtard, Werhuël, fils de personne, rien, moins que rien ! Et le gros de l’auditoire applaudit frénétiquement à l’orateur-phénomène ! Et pendant plus de deux ans cette bonne plaisanterie défraya la rédaction du très savant journal l’Homme, organe des facétieux revenants de 93 ! Les voilà bien, les grands rrrévolutionnaires de la tradition, pourfendeurs à outrance des infâmes institutions du passé, blagueurs, renverseurs, démolisseurs, casseurs surtout. En réalité, les plus inoffensifs bourgeois du monde !… Et quand il serait bâtard ? Dans ce cas il y aurait, selon moi, deux époques mémorables dans la vie de Bonaparte : sa naissance et son mariage. Car ce sont deux protestations contre la société du xixe siècle !