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Mon enveloppe d’argile ne suffit plus à contenir mon imagination déchaînée. Transparente, éphémère, amincie par le travail, elle éclate comme la glace de Janvier qui ralentit pour un instant le cours des fleuves. Cette âme et ce corps qui me sont échus vont divorcer et entrer dans de nouveaux accords. Que cette transformation s’opère donc ! Et malheureux moi, si j’en retardais la venue d’une seconde seulement !…


Mes ennemis diront : « Il ne pouvait finir autrement. Que sa mort serve de leçon aux jeunes gens présomptueux ! »

Et me soulevant de ma tombe, je leur répondrai : « entre vous et moi rien n’est fini, mes maîtres ! La Liberté qui fit vibrer ma langue ne m’inspira jamais que des paroles vraies. Tant que ma volonté put rassembler en un faisceau les rayons de mon intelligence, l’une et l’autre furent mises au service de la Justice. Et 323 quand le courage me manqua, je rendis de bon gré mon âme au tourbillon. Croyez-vous que pareil bon vouloir soit chose commune, et que les hommes n’en aient plus que faire ?

« Pour votre confusion et mon triomphe, je reviendrai, je le jure, et je serai le premier au rendez-vous des réparations. Retenez bien les paroles que je vais écrire afin de pouvoir un jour en vérifier l’exactitude…… »

Avant la fin du siècle, un homme juste paraîtra sur cette terre souillée de crimes ; ce sera un re-