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316 Est-ce parce qu’elle me vient d’en haut, cette mission, et qu’elle est sanctifiée par Dieu ? Et si votre Dieu est mon ennemi ; si je ne reconnais son autorité malfaisante ni dans le ciel ni sur la terre, me faudra-t-il vivre pour votre satisfaction ? Et s’il importe tellement à ce Dieu que je parcoure tout entière la longue route de l’existence, pourquoi donc me la sème-t-il de cendres, de ronces, de cercueils, d’apparitions maudites, de réalités plus maudites encore ? S’il est toute puissance et toute bonté, ce Dieu, pourquoi donc ne se fait-il connaître à moi que par le Mal ? Et s’il est immuable et qu’il soit mon maître, ce Dieu, comment puis-je espérer d’en être délivré jamais ?……… Jamais ! !…


XXIX


Ne me dites pas qu’il est horriblement dangereux de mettre sous les yeux des hommes des membres pantelants, un crâne vide, des traits convulsés par la rage ou le désespoir. Ne me dites pas que l’odeur et la vue du sang sont contagieuses ; qu’un pareil spectacle nous fait oublier devoirs et famille, qu’il nous amène à douter de nos propres forces et de nos chances de bonheur dans cette vie.

Car vous ne voyez qu’un instant le cadavre du suicidé ; un instant seulement il effraye les femmes nerveuses et fait pleurer les enfants. Le lende-