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une souillure quand elle atteint la conscience. Où tu rêvais le Bonheur et la Gloire, tu aurais découvert la Tristesse et la Réprobation.

Maintenant il est trop tard pour pleurer la tranquillité, les joies et la santé perdues ; trop tard pour regretter la belle ville aux sérénades, les caballeros brillants et la corrida splendide ; maintenant tu ne peux plus entendre qu’en rêve les guitares retentissantes, le tonnerre des castagnettes, et les couplets qu’on chante dans les vervenas de Juin, par les nuits étoilées. Et quand tu berces sur ton cœur ces songes heureux, Espagnole ! Espagnole ! tu te sens éveillée par le Remords qui médite à tes côtés de nouveaux crimes.

Tayaut ! Tayaut ! L’Empereur chasse.


As-tu gardé, Napoléon, le cheval qui te portait dans les jours de Décembre, celui qui boit du sang et monte sur les morts pour saluer la foule ? As-tu conservé sur ta maigre face l’horrible pâleur du cadavre ? Aujourd’hui comme alors, te voit-on parader au grand soleil, à la tête des bataillons mercenaires que tu guidais aux carnages certains ? Toutes ces têtes de boule-dogues et de bêtes de somme sont-elles bien à toi ? — Oui, dis-tu, rien qu’à moi. — Oh garde-les, garde ta honte ! Bien riche et bien glorieux tu es, Napoléon !

Ah prends garde, assassin ! C’est un effroyable exemple que donnent tes semblables, ceux qui passent sur la terre sans foi, sans conscience, sans amour. Ils font douter de toute vérité, désespérer