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vie. Avouez donc que la Vérité est forte comme l’Amour, et la Conviction plus puissante que la Force, l’imbécile traîneuse de sabre. Dites donc qu’il suffit d’un homme libre pour faire frémir tout un royaume d’esclaves. Dites que vous n’avez jamais entendu voix comme la mienne, une voix qui va chercher au fond des entrailles les fibres les plus irritables de la vie, pour les faire frissonner.


Et quand je serais fou !… De bon compte, n’y aurait-il pas de quoi le devenir quand on observe votre ignoble société tourbillonnant sur l’abîme des décadences ? N’y aurait-il pas de quoi le devenir quand on travaille dix heures par jour, et cela depuis quinze années ?

Qu’il se lève donc le plus distingué d’entre vous ! Qu’il mène deux ans seulement, à mes côtés, la vie de luttes, de déceptions, de privations, et d’ostracisme que vous m’avez faite ! Qu’il ait le courage de rester libre et honnête malgré tout, envers tous !… Et nous verrons ce que vous en retrouverez au bout de ce temps-là !

Ah ! si je perdais la raison en combattant pour l’humanité… si je souffrais le mal dont Socrate, Pascal, Rousseau, Christ, Salomon de Caus, Saint-Simon, Hennequin et tant d’autres grands ont plus ou moins souffert… j’en serai fier et je le dirais à qui voudrait m’entendre. Comme le guerrier, je montrerais avec orgueil les blessures reçues dans les combats. Et quand vous passeriez à ma por-