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cous d’or à des auges de marbre. Jamais plus beaux ni plus robustes ne se désaltérèrent dans les abreuvoirs d’albâtre des palais de Lydie ; jamais ceux de Xerxès n’eurent si grande abondance de mélisse, de sauge et de menthe poivrée.

À la parole du maître ont volé ses pages empressés. Non jamais monture barbe n’entendit si tôt son nom que Bravo, le coursier sarde, quand les écuyers l’appelèrent d’un bout à l’autre des écuries sonores.

Il eût fallu le voir piaffer et faire jaillir du feu sous l’argent de ses sabots. Il eût fallu l’entendre traîner sa chaîne d’or sur la pierre veinée, puis franchir la porte en se dressant sur ses pieds de derrière !

536 On le selle, on le bride, on lui fixe aux jambes des fers palmés en moins de temps qu’il ne m’en faut pour vous le dire.


Dès que le coursier sarde sent dans sa crinière la main ferme de son maître, ses flancs s’élèvent et la sueur perle de ses poils luisants. Depuis deux ans il n’était pas sorti.

Et quand le Chevalier à la pesante armure enfonce le pied dans l’étrier, la Savoie résonne comme un tambour de bronze frappé de mille balles à la fois.


Il erre par monts, par vaux, le Chevalier du Lac. En le voyant, Phœbé joyeuse paraît se souvenir de son divin compère, Mars le redoutable,