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nérale, et que même l’idée d’un accès de folie n’est pas une explication absolument sûre d’un événement qui, avait-on dit alors dans le milieu des proscrits de Genève, avait quelque chose de mystérieux ?

Les funérailles eurent lieu pendant un grand orage ; personne, sauf Jannot, ne suivit le cercueil. Les parents de Cœurderoy accoururent à Fossaz, m’a-t-on dit ; la jeune veuve quitta bientôt le hameau. Elle était en froid avec sa belle-mère, mais après un certain temps les deux femmes se réconcilièrent. Mme Cœurderoy-Rampont s’est remariée depuis, et on la dit morte.

Ernest Cœurderoy fut enterré au cimetière de Plainpalais, à Genève, aujourd’hui rue des Rois. Sa mère remit de l’argent pour l’entretien de la tombe à une personne qui, par une indélicatesse incroyable, ne s’en occupa point, et la tombe a disparu. On croit que sans cela la mère aurait plus tard fait ramener les restes de son fils à Tonnerre, où, après la mort du docteur Charles Cœurderoy en 1866, elle habitait la grande maison en solitaire, refusant les avances que la haute société locale lui faisait pour la ramener dans ses rangs après la mort du républicain et de l’anarchiste qu’avaient été son mari et son fils. Elle conserva à son fils toute son affection maternelle, le pleura longtemps, mais sans parler jamais de ses opinions politiques. Elle avait