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Le fer seul est plus fort que l’argent. — Ce qu’il faut pour nous délivrer, c’est le bouleversement du monde, le sac de l’Occident, l’invasion du Nord. Je le dirai, je le crierai tant que je n’entendrai pas les coursiers de l’Ukraine hennir à la porte des bourgeois moitié morts. Pas un ouvrier ne sera délivré sans cela, pas un abus ne sera détruit. Et toutes les révolutions qui éclateront jusque-là dans l’Occident ne serviront qu’à rendre les rapports du maître et du salarié plus iniques encore.

Pleurez, femmes de Piémont ! Que vos beaux yeux fondent en larmes sanglantes ! Pleurez de désespoir, de rage et d’orgueil 459 offensé ! Relevez-vous les premières : en Occident les hommes sont morts !


Mais vous ignorez donc, exploiteurs misérables, qu’il faut du fer au sang et de la fibre aux muscles pour que l’homme s’entretienne ? Vous ne savez donc pas que ses forces ne se réparent point d’elles-mêmes, qu’elles ne se refont qu’avec le vin, la viande, l’air, le mouvement, le repos et le sommeil. Je vous le dis : Un ressort ne saurait être toujours tendu. L’homme ne prête pas comme une substance élastique. On perd quand on veut économiser sur lui ; ce n’est jamais impunément qu’on le tente !

Le repos a des droits qui ne périment pas ; le travailleur qu’on prive de tout ce qui est nécessaire à la vie ne trouve plus en lui-même ni l’énergie, ni l’intelligence désirables pour soigner