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métaux ; ce sont les fièvres, les fléaux, les disettes, les grèves, les misères, les asphyxies, les homicides, infanticides et suicides dont le nombre va chaque jour croissant, ainsi que les flammes dans un incendie qu’on ne veut pas éteindre !

L’Enfer est sur la Terre !


II


Pleurez, femmes de Piémont ! L’exploiteur vous dérobe les hommes pleins de force ; il en fait des cadavres qu’il vous rend juste à temps pour les porter en terre !

La vraie guerre de Russie, l’éternel assaut de Sébastopol, le combat meurtrier de chaque jour, c’est celui que le bras nu livre au capital bardé de fer. Dans les ateliers, la gloire ne chante pas de fanfare éclatante, le canon ne crie point de sa voix homicide, le sang ne coule pas. Mais la Mort frappe sûrement, et les blessures qu’on y reçoit ne pardonnent jamais. Mais personne encore n’est revenu de cette maladie lente qui s’appelle le travail à la tâche, à la force, à la journée ; le travail du prolétaire, du serf, de l’esclave, de l’homme qui ne s’appartient plus !

Femmes de Piémont, que vos beaux yeux fondent en larmes sanglantes ! Vos mortelles souffrances, vos regards suppliants, votre maigreur, la pâleur de vos traits rendront peut-être à vos amants, à vos fils, à vos pères la force de s’affranchir, de