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au contrôle de Dieu. — Et tout n’en ira que mieux dans cette vallée d’angoisses !

La Vérité, la Justice, la Vengeance auront enfin leur jour ! — Jour de deuil pour quelques-uns et d’allégresse pour la plupart, jour de colère et de réconciliation, de confusion et de triomphe, de terreur et d’espoir, de meurtre et de résurrection ! Jour que les étoiles, le soleil et les eaux salueront trois fois heureux ! Jour qui ne caressera que le dernier né de cette génération des rayons roses de son aurore ! —

Gémissantes victimes d’un milieu plus fort qu’eux, les hommes connaîtront enfin le véritable péché d’origine, la pomme de cendres et de discordes dont parle le sublime poète des enfers. Ils se regarderont et verront qu’ils vivent entre eux comme le gui rampant avec le chêne fort. Alors ils maudiront le parasitisme de quelques-uns, les labeurs du grand nombre, la division d’intérêts inséparables, la tutelle qu’ils se sont imposée du plus petit au plus grand, du plus pauvre au plus riche. Ils maudiront la résignation au Mal, l’oubli du Droit, l’abandon de plus en plus complet de toutes les ressources nécessaires à la vie. Ils s’apercevront qu’ils ont débattu, consenti, légalisé, signé, contresigné, soussigné, paraphé cet abandon qui décrétait leur mort, et que minuta plus tard Malthus, l’inexorable chiffreur. Ils ne verront plus dans leurs malheurs ni le doigt de Dieu, ni la griffe du Diable, ni la ruse de la femme, ni le dard du serpent. Mais ils élèveront jusqu’à leur