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XII


421 Il est des noms sur lesquels le temps passe sans imprimer la marque de son ongle. Le Temps, le grand Destructeur, ne saurait enlever un seul rayon de l’auréole qui scintille au front des grands hommes !


Tel est le nom de Carlo-Alberto. Il naquit roi, roi de Sicile, de Chypre et Jérusalem, prince de Piémont, duc de Savoie, de Gênes et autres lieux. Mais il voulut être homme, mais sa noble existence fut dévorée par le vœu qu’il avait fait de délivrer l’Italie, mais il défendit son grand rêve par le glaive et le sang, mais à son heure dernière, il s’enveloppa dans sa foi comme dans un manteau de martyr, et mourut, guerrier sombre, aux plages désertes de l’exil.

Et voilà pourquoi les peuples saluèrent Carlo-Alberto du nom de Magnanime ! Et voilà pourquoi moi qui me ris des intrigues des partis et de leurs principes menteurs, je répète dans mes pauvres strophes le cri de tout le peuple piémontais — vox populi, vox Dei !

… Et quoiqu’il m’en ait coûté, quoiqu’il puisse m’en coûter encore, je veux rester impartial surtout envers les rois, surtout envers les pauvres. — Le témoignage d’un homme juste n’est à mépriser de personne.