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tions funèbres ; un peuple de soldats stationne, l’arme au pied, tout le long des portiques :

Dies iræ ! Dies illa ! !

Le canon roule ses hurlements d’une montagne à l’autre ; des profondeurs de la vallée les cloches lugubres, les tambours de deuil, les chevaux hennissants répondent au rappel du bronze des batailles. Sanglots des agonies princières, voix de colère et de meurtre, voix de résurrection, de mort et de prière, trompettes des jugements, hurlez-donc, hurlez :

Dies iræ ! Dies illa ! !


Pan est mort ! Pan est mort ! — Voilà ce que chantent, de leurs voix hypocrites, prêtres, magistrats, dignitaires aux riches costumes. Car le supplice des rois commence dès leur dernier 402 soupir, dès qu’ils peuvent sentir l’amère saveur des larmes que répandent les courtisans sur leurs bières :

Dies iræ ! Dies illa ! !

Pan est mort ! Pan est mort ! — Ainsi crient les femmes et les enfants, fifres aigus dans le concert des foules. Ainsi crie l’ouvrier qui se promène, privé de travail, toutes les fois que meurt un prince :

Dies iræ ! Dies illa ! !


Trois fois dans un mois la Mort sourde a frappé celle des familles royales qui méritait le moins son courroux implacable, la maison de Savoie. Trois