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Ainsi disait celle qui sut pardonner à la meute aboyeuse qui la mordait au cœur !

Vains bruits du monde, opinion cancanière, gouvernements inquisiteurs, ah vous ne pouvez rien sur l’être supérieur qui vous accable de ses dédains ! Et qui, retranché dans son âme fière, vous regarde tourmenter son corps comme s’il en était absent !

… Ainsi joue le Destin, le destin homicide ! Le véritable torturé, c’est celui qui torture !


Quand on lui faisait revêtir la triste livrée des prisonnières à vie ; quand on murait la fenêtre de sa cellule ; quand on faisait autour d’elle la tombe et le néant ; quand elle sentait la main de la mort craquer sur ses épaules maigres ; quand elle avait peur de l’hypochondrie, de la folie furieuse, de la démence hébétée, du monstrueux idiotisme, des mille défaillances des grandes âmes…

Alors, elle se réfugiait en pleurant dans les souvenirs de sa jeunesse heureuse, dans des aspirations infinies vers des mondes meilleurs !…

Alors, elle aimait tout ce qui lui rappelait le mouvement des êtres, joyeux de se conserver. Quand la sœur de son âme entrait dans la prison, elle buvait son haleine parfumée par la brise ; elle cherchait sur ses joues les froids baisers de l’hiver ou les ardentes caresses du soleil printanier…

Alors, elle aimait davantage encore la nature, l’avenir, la vie, la liberté, les beaux jours d’au-