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mille fois le jour, d’un bout de leur empire à l’autre, cherchant par tous moyens, par toutes violences, leur charge d’âmes pour l’éternité. Elles ont une police pour traquer leurs victimes ; elles excitent l’Impatience, irritent la Colère, fouettent l’Agonie, tournent le mal contre le mal ; elles disposent de tout un arsenal de tortures pour arracher des aveux, des Credo, des Pater et des Confiteor.

Elles savent profiter des paroxysmes de l’angoisse ou du délire. À celui qui est peureux : « Tu mourras, disent-elles, si tu ne te confesses pas. — Je ferai priver ton garçon d’instruction, ta fille d’ouvrage, et ta femme de pain, crient-elles jusqu’au fond du cœur au malheureux père de famille, si tu ne te confesses pas. — L’enfer va te saisir avec ses tenailles mâchées, ses grilles et ses glaives et ses flammes cruelles, répètent-elles à satiété au pauvre d’esprit, si tu ne te confesses pas. — Veux-tu du pain, du bouillon, du vin fortifiant, la vie, la résurrection ? demandent-elles à cet autre épuisé par une opération grave… Confesse-toi ! — Vois mes bras blancs, mes cheveux épais, et sous mon voile noir mes yeux, mes beaux yeux bleus ! Veux-tu tout cela ? Veux-tu mon amitié, mon souvenir, ma tendresse, mes faveurs, mon amour ? murmurent-elles doucement à l’oreille du jeune poète… Confesse-toi ! — Et toi qui refuses la parole, le corps et le sang d’un Dieu mort pour nous, misérable pécheur, endurci dans l’impénitence finale, je ne panserai pas tes blessures,