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entrailles, et s’envole. Némésis inassouvie, déchirant les nuées de ses ailes osseuses. Elle me jette ces mots : Vis pour le désespoir ! Mange le pain des privations, bois le vin de l’angoisse ! Il faut tracer jusqu’au bout ton sillon de salpêtre !

Hæret lateri lethalis arundo !


Quand la dernière consolatrice m’ouvrira son inviolable asile, vous qui m’avez aimé, rassemblez les pensées que m’arrachait l’exil. Et les jetez en pâture aux hommes afin qu’ils n’insultent plus à la douleur des hommes !

26 Peut-être alors tressaillirai-je sous la pierre ? Peut-être viendront me visiter quelques jeunes gens des générations futures ? Et leurs chants d’allégresse me réjouiront. Et j’aurai du moins la consolation de n’avoir pas en vain traversé les cités de ce monde.

Mais non, ce sont encore des rêves. Quand donc n’en ferai-je plus à chaque seconde pour les voir s’envoler la seconde d’après ?…

Hélas ! maintenant que j’ai conquis la force de penser, maintenant même la Fatigue me nargue de son rire ironique.

Je m’épouvante de tout ce qui me reste à faire, et mon impatience augmente avec ma faiblesse. Les travaux des années se présentent à moi tous à la fois comme le travail d’un jour ; je ne saurais plus faire suivre à mon esprit la marche lente de ma plume. Aussi pourquoi des parents routiniers