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soleil ! Que les plus dormeurs s’élancent sur la plaine inconstante, que personne ne goûte les douceurs du repos ! Que l’univers soit embrasé des lumières créées par l’homme ! Et que les oiseaux ne puissent distinguer s’ils chantent le jour ou la nuit !

La Terre redit la gloire de l’Homme !


Des milliers de barques se détachent du rivage ; elles se dispersent sur les eaux en si grand nombre que l’hirondelle ne pourrait y mouiller ses plumes.

Les unes disposées en ronds, en carrés, en triangles, soulèvent leurs rames et se reposent, pareilles à des bandes d’oiseaux de passage après de longues traversées. — Les autres, solitaires, ne paraissent pas plus, dans l’immensité, que des coquilles de noix montées par des insectes. — Plusieurs se mettent en ligne, deux à deux, trois à trois, comme des nageurs ; elles luttent d’adresse et d’agilité ; leurs voiles les emportent ainsi que des fétus.

Les vents redisent la gloire de l’Homme !


Et de même que sur la terre, quand les êtres s’endorment, la voix de chacun se distingue dans le murmure de tous, de même dans ce monde qui flotte sur les eaux, l’idiome de chaque peuple se retrouve dans la confusion générale des langues.

Là c’est l’accent saccadé, bref, pressant, impérieux de l’Anglais, l’homme d’action et de cons-