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du navire. — Les Napolitains et les Andaloux enlèvent avec amour la tarantelle et le fandango. — Les filles d’Orient, les almés, les péris voltigent dans les bosquets comme des feuilles de rose. — Les Français se font remarquer dans des quadrilles de caractère plutôt parlés que dansés. — En mesure ! En mesure ! Magnificat !




Le Tage offre le spectacle le plus animé que puisse rêver l’imagination. Dans ses flots de cristal, sur ses rives fertiles, des baigneurs, des baigneuses s’abattent joyeusement entre les caresses du soleil et celles de l’eau. Les hommes audacieux fendent le courant de leurs poitrines vaillantes et le remontent 280 sans perdre de terrain. Les femmes délicates, habiles dans les exercices natatoires, s’étendent sur le fleuve bleu comme sur un sofa, se laissent aller avec confiance aux caprices de la vague qui les soulève, les emporte et les roule ainsi que des plumes légères. Les enfants n’ont plus peur de l’élément perfide ; ils nagent naturellement ; ils se jettent dans les profondeurs transparentes, la tête en avant, de hauteurs considérables ; ils s’en vont à perte de vue, reviennent, plongent, cherchent dans les plantes marines les épingles d’or qu’on leur jette et les rapportent, triomphants, entre leurs lèvres. — L’homme chante sur les eaux comme le joyeux plongeon. — Magnificat !