Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/424

Cette page a été validée par deux contributeurs.

parmi les autres. — Sur un point différent, au moment où la bête prend son élan pour sauter un fossé, le cavalier lance avec adresse le lacet autour de ses jambes, l’étend par terre et s’en rend maître. — Ailleurs, c’est un taureau qui, pris de peur, se jette dans un étang. Un chasseur le couvre du filet rapidement déployé, les autres accourent, puis tous le ramènent au bord. — Ailleurs encore, c’est un autre qui donne dans une trappe recouverte de draps écarlates dans lesquels il se roule pour passer sa rage. — Les chiens en poursuivent plusieurs ; mais ils sont muselés et les éleveurs garnissent de boules les cornes des taureaux, de sorte que les uns et les autres ne peuvent se blesser. Les chiens les mènent, les ramènent, les lassent par mille tours et détours.

Quand les taureaux sont épuisés de fatigue, on cesse de les pourchasser. Les pâtres lâchent dans la plaine les grands troupeaux faits au travail parmi lesquels les autres se confondent. Puis on les ramène tous ensemble dans les belles étables qui leur sont destinées. Le long de la route le chœur chante :

« Rien ne résiste à l’homme. Animaux courageux que nous avons vaincus, rentrez avec nous dans nos demeures, ne nous craignez point. Nos femmes laveront votre beau poil luisant, nos filles vous apporteront des herbes parfumées dans des auges de marbres. Nous aimerons vos enfants et les élèverons avec les 265 nôtres en pleine liberté. Venez, venez chez nous ; vous y serez heureux ! »