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leurs amours, qu’ils y nourrissent leurs petits ; qu’ils y meurent comme ils y sont nés, ignorant qu’il est dans l’univers des cieux et des forêts… Moi je chanterai comme les libres oiseaux ; ils s’enivrent de l’aspect des campagnes riantes, ils saluent le matin en frappant de leur vol les rayons d’or de l’astre glorieux, ils saluent le soir en prenant sous leurs ailes le premier regard de la lune ; ils aiment, ils sont aimés, ils construisent leurs nids dans les arbres touffus, sous les fleurs du lilas. Avant que la Fortune, la grasse bourgeoise, ne me voie monté sur son char de triomphe, une harpe à la main, pour chanter ses louanges ; avant que je ne m’étende dans ses draps de coton… Avant ce temps-là, le grand Rhin allemand remontera vers la Suisse, le rossignol deviendra noir comme le merle bavard, la lionne abandonnera ses petits sans défense aux traqueurs du désert, et les routes d’exil ne seront plus foulées par la sandale des pèlerins de l’indépendance !


VIII


232 « Amigito, reprit la brune de Grenade, quelques derniers conseils pour te donner le discernement et la science. Car je te veux encore plus diable que tu n’es.

» Ta main est petite ; les veines en sont dilatées, ramifiées comme un filet ; le sang y passe trop vite et s’évapore, fiévreux, dans un si long