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Dieu de mes pères et de mes enfants. Dieu vengeur et terrible qui te plais dans la résine, le soufre et la lave des volcans ! Sous mon pied cambré lève-toi ! »

Jamais le Dieu des rebelles ne sut résister aux avances de la beauté. Dès que la Prophétesse a chanté son invocation, la terre fait entendre un rugissement de volupté, puis tremble, s’entr’ouvre sous ses pieds, l’enveloppant d’un nuage de poussière et de feu. Tandis qu’elle, la sorcière, couvre de baisers les flammes siffleuses qui sortent du sol, transportée qu’elle est d’amour et de fureur, voyant le Dieu de sa race et se pâmant en ses bras !

Oh ! qu’elle est belle ainsi ! Dans le feu bleuâtre ses traits sont transparents d’un éclat surnaturel. Je vois courir dans ses veines les passions indomptées qui la mettent en délire. Elle est séduisante, redoutable, enchantée, satanique. Telle je me figure Ève la brune sortant des étreintes du beau Lucifer, l’archange déchu.

Les plus ardentes flammes lèchent sa peau, la font gonfler et rougir ; et cependant on sent dans son haleine la fraîcheur des glaciers. C’est l’éclair fait femme, c’est le feu d’amour, brillant, phosphorescent dans des yeux de gazelle ; c’est la divinité des nuits palpitante de volupté, de lumière, d’inspiration divine.

Et moi, pauvre petit bourgeois, je me pris à trembler d’extase, de peur et de je ne sais quel amour glacé. Je sentis mes cheveux 226 dégout-