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pandereta de velours écarlate, elle l’éleva dans l’air au-dessus de sa tête, et fit trois fois en dansant le tour des branches sauvages qui se tordaient sous les baisers du feu.

Après quoi, se penchant sur la flamme vive, elle en approcha ses dents blanches qui semblaient ironiquement sourire, et ses 225 lèvres fines, noires de sang et déjà frémissantes à l’approche de l’Esprit.

Puis elle répandit, versa sur les charbons tout le souffle de sa poitrine, se releva, reprit trois fois encore sa danse et ses accords, s’animant, bondissant, écumant, dénouant ses beaux cheveux, les ramenant sur sa figure tremblante, voyant les flammes à travers ainsi que des forêts incendiées, criant :

« Brûlez, brûlez, mille dards du Dieu de l’abîme ! Embrasez l’Univers : plantes, animaux, hommes, et cités et villages, tout hormis les reptiles ; desséchez les grandes mers, faites bouillonner leurs flots comme l’écume du sang ! Brûlez, brûlez ! Râlez, sublimez-vous, montez, assiégez le ciel, grillez les ailes des anges et le trône du Dieu que ces contrées adorent ! Submergez tout sous vos vagues menaçantes ; rendez-moi le Néant, le Chaos sur lesquels régnait mon maître l’Éternel ! »

Puis s’arrêtant, précipitant la mesure infernale, foulant du pied la terre, la baisant de sa bouche et reculant d’un pas, elle dit encore :

« Sous mon pied qui t’appelle lève-toi, lève-toi,