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à son doigt. La reine Christine a de bons yeux : il y a peu d’hommes aussi beaux plastiquement que le duc de Rianzares. — Ole !


« Le soleil trouve la terre d’Espagne plus belle que les autres terres. Il ouvre de grands yeux pour la voir tout le long du jour ; il l’incendie pour lui mieux prouver son amour. — Ole !

« Terrible le matin, il se reflète sur les aiguilles des monts et les arêtes des vagues qu’il rougit comme de jeunes filles. Le soir, elles pâlissent, verdissent, et semblent mourir, épuisées qu’elles sont par son amour. — Ole !

« Il est si riche et si beau, le roi du monde qu’il lui faut plusieurs maîtresses à l’année ! L’hiver, il s’étend sur la mer de Cadix, baisant de sa lèvre brûlante la cité magnifique. Au printemps 210 il s’enivre du parfum des fleurs d’Andalousie. L’été, il aime à prendre des bains de neige sur la gorge blanche des Sierras. Pendant l’automne, il se prélasse dans les allées de la Fontaine Castillane, souriant aux filles des grands d’Espagne, plus fier que le plus fier des hidalgos. — Ole !


« Les vins de France sont verts comme du vinaigre. Les Anglaises sont froides et blondes comme la progéniture des Albinos. Versez-moi le Jerès aux flots d’or ! que je morde aux crinières des jacas andalouses, noires comme le royal manteau de la nuit. — Ole !

« La Madrilègne est fière et dédaigneuse. Quel