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et dénouent les guirlandes de la ronde bavarde !

Que d’heures j’ai passées à les regarder ! Combien j’aurais donné pour saisir l’une d’elles et l’embrasser une fois seulement ! Mais elles se sauvaient, épouvantées de ma grande barbe et de mon aspect étranger. Que je me sentais laid sous le ciel des Castilles !

Oh ! les petites fées de huit ans, qu’elles étaient fraîches et roses, coquettes et impérieuses déjà !

Petites filles de Madrid, je doute qu’à seize ans vous puissiez rendre un homme plus heureux que je le fus par vous, alors que 204 vous dansiez en rond autour de la fontaine de Neptuno, Dios de las aguas.


III


Qu’elles étaient heureuses, les petites folles ! Leurs beaux cheveux bouclés jouaient avec le vent de la nuit ; elles chantaient :

« Les nuits sont faites pour danser. Le sommeil est un vieillard à cheveux blancs, bien vilain, bien maussade, que nos mères nous donnent pour gardien quand elles vont au bal.

« Les nuits sont faites pour danser. — Dansons !

« À minuit nos bonnes se mettent aux balcons. Les galants du voisinage viennent, le long des murs, jusque sous nos fenêtres. Et puis… c’est bien difficile de dormir quand on entend bavarder les guitares.