Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/307

Cette page a été validée par deux contributeurs.

geois. Alors les artistes seront comblés de gloire et d’honneurs, ils occuperont dans la société la place qui leur appartient. Alors les jeunes hommes travailleront avec passion pour se faire une renommée qui retentisse dans le monde. Alors les vocations les plus diverses seront reconnues et respectées, on ne les étouffera plus comme aujourd’hui. Alors de grands talents, par milliers, continueront l’œuvre de gloire nationale commencée par les Cervantes, Lope de Vega, Calderon, Murillo, Moratin, Verruguete, Velasquez et Garcia.

Et quand une fois ce peuple aura goûté toutes ces jouissances, quand il saura quelles richesses enfantent l’association des intérêts, l’attrait pour le travail, la production et la consommation libres d’entraves, la diversité dans les fonctions, et la justice dans 185 la répartition des biens communs ; quand il en sera là, proposez-lui donc, pour voir, le mesquin spectacle d’une course de taureaux ou d’une procession religieuse ; cherchez donc à le passionner pour un matador ou pour une relique. Alors les corridas auront fait leur temps, et les ardentes imaginations méridionales ne seront plus contraintes de s’épuiser sur les mystiques figures que leur présente le catholicisme et qu’elles essayent en vain d’animer à force de poésie et d’amour.


XVIII


Le meurtre, de quelqu’espèce qu’il soit, témoigne d’une division profonde entre les êtres. Cet