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tion s’est opérée dans l’univers ; une race supérieure s’est substituée à la nôtre ; l’homme n’occupe plus que le second rang parmi les êtres. Il n’y a rien que de très rationnel dans cette hypothèse puisque les races se succèdent comme les générations, puisque rien dans le temps et dans l’espace ne se dérobe à la force transformatrice.

Alors, si les spectacles sanguinaires subsistent toujours, ce sera le tour de l’homme de figurer dans les arènes comme les taureaux que nous y voyons aujourd’hui. Alors le roi de l’univers détrôné se souviendra de son empire et se repentira de cruautés qu’il expie si durement. Puisqu’il n’est conduit que par son intérêt, qu’il songe donc qu’un jour il sera supplanté par des êtres moins imparfaits, et qu’il les servira dans leurs travaux et leurs plaisirs !


XVI


Que l’homme presse le buffle dans les savanes ; qu’il enroule le fort lacet autour de ses jambes agiles ; qu’il attache à ses cornes des rameaux de laurier-rose et le ramène en triomphe dans sa maison. Puis, qu’il en fasse le compagnon de ses travaux, qu’il ne l’excède pas de fatigue, qu’il ne le mutile pas, qu’il sache l’exciter autrement que par des coups et des mauvais traitements, et qu’il se montre reconnaissant envers lui des richesses que son labour fait naître.