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que son organisation soit la moins incomplète de toutes : cela me paraît vrai. Encore ne faudrait-il pas regarder de trop près à la 181 fraternité qui règne entre nous pour nous déclarer absolument satisfaits du noble usage que nous faisons de notre nature d’élite.

Mais conclure d’une supériorité si problématique qu’il soit dans notre droit et dans notre intérêt de détruire les animaux, de déboiser les montagnes, de dessécher les cours d’eau, de stériliser la terre, de rendre les climats insalubres et de substituer la mort, l’uniformité, le vide et le désert à l’abondance, à la fertilité, au trop plein, à la vie que la nature sème sous nos pas : voilà ce qui est faux, et ce à quoi se complaît pourtant l’orgueil de l’homme qui devient ainsi la première victime de son vandalisme.

Ne nous privons plus des ressources que nous pouvons sauvegarder ; ne tournons plus contre nous-mêmes l’arme si dangereuse de l’industrie ; n’altérons l’ordre des choses que lorsque nos besoins l’exigent impérieusement et que nous avons des découvertes à mettre à la place des ruines que nous accumulons chaque jour autour de nous.

N’est-ce pas un risible spectacle de voir l’homme faire de continuelles révolutions contre ses rois, et puis partir de l’empire absolu qu’il s’est conféré sur les animaux pour les sacrifier sans discernement, sans pitié ?

« Ô meurtrier contre nature, si tu t’obstines à soutenir qu’elle t’a fait pour dévorer tes sem-