Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/295

Cette page a été validée par deux contributeurs.

par celle des hommes. Les privilégiés comme les proscrits des deux nations sont solidaires ; ils ont compris enfin qu’il ne s’agit plus de fixer des limites entre les peuples, mais des droits entre les individus. En même temps que la guerre internationale devient impossible, la guerre civile se généralise. Il n’y aura plus de luttes décisives à l’avenir qu’entre la Réaction et la Révolution universelles.

Je sais bien, et le premier j’ai osé l’écrire, qu’il est au Nord une nation qui ne le comprend pas ainsi et à l’invasion de laquelle les autres ne résisteront pas. Mais la guerre des empereurs ne sera qu’un incident de la grande lutte sociale ; dès que la Russie se confondra parmi les peuples d’Occident, leur vie deviendra sa vie ; leurs querelles et leurs intérêts, ses intérêts et ses querelles. Elle aussi, pressée par les impérieux besoins de son organisme, s’engagera dans la guerre civile, la guerre pour le pain et la liberté, et sous sa main sauvage éclatera la Civilisation vieillie.


XIV

J’aime à voir combattre deux animaux de force égale, quand hérissant leurs crins et soulevant leurs flancs, il se précipitent l’un sur l’autre, superbes de courroux. La nature leur a donné les mêmes armes, le même courage et les mêmes ruses ; entre eux les chances sont pareilles. Ce