Page:Cœurderoy - Jours d'exil, tome II.djvu/290

Cette page a été validée par deux contributeurs.

forts de mon intrigue ne pourraient m’élever à une dignité plus éminente.


XII

Je n’aime pas à parler des choses sans les connaître. Comme je voulais écrire sur les courses de taureaux, j’ai dû en voir plusieurs pendant que j’habitais l’Espagne.

Eh bien ! toutes les fois que je suis sorti du cirque, je m’en suis voulu d’avoir augmenté le nombre des curieux et j’ai compté ces jours-là parmi les plus mal employés de ma vie. Car j’ai toujours payé ces quelques heures d’émotion par des rêves effrayants où je voyais des chevaux éventrés, des chiens qui se débattaient en l’air, des hommes morts et des taureaux amputés.

À coup sûr, si j’ai éprouvé ces sentiments, ils sont humains, car je suis né de femme, et beaucoup d’autres les auront ressentis comme moi. Et puis, fussé-je seul à penser ainsi, qu’il me conviendrait de le dire.

Je demande seulement ce qu’il y a d’extraordinaire à ce qu’un homme dont les impressions ne sont pas faussées par l’habitude s’écrie en voyant des courses de taureaux :

« Oui, ces fêtes sont splendides, et ce peuple a le génie des grandes pompes ! Oui, ces hommes sont téméraires, ces femmes enchanteresses, et la joie de ces enfants, contagieuse. Oui, ces costumes