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vous sillonnent, comme des flèches ardentes, faisant jaillir le feu de vos tissus brisés ? — Suez-vous, frissonnez-vous quand vous trempez vos pieds dans les fleuves, matin et soir ?… Qui le sait ?


Êtes-vous les pleurs des forêts, des rosées et des gelées blanches bus par l’astre des jours ? — Êtes-vous, comme de secondes Alpes entre le ciel et la terre, comme la faveur qui les lie, comme l’iris messagère d’unions indissolubles ?… Qui le sait ?


Êtes-vous l’image de la Terre, de ses hautes montagnes, de ses vallées creuses, de ses ruisseaux d’argent, de ses vertes rivières, de ses plaines fertiles ? — Êtes-vous l’image du Ciel, des astres et de l’immensité ? — Pourrions-nous connaître leurs secrets si nous savions lire dans votre livre ouvert ? — Avez-vous, comme l’homme, deux faces et deux âmes : l’une, la bienheureuse, qui regarde le firmament, l’autre, l’infortunée, dont les yeux sont fixés sur notre petit monde ? — Êtes-vous le reflet de la neige qui se mire dans les cieux, ou le reflet des cieux qui se mirent dans la neige ?… Qui le sait ?


Êtes-vous les chaleurs du jour, les soupirs de la nuit, le murmure des êtres ou la voix des échos, sublimés, condensés ? — Êtes-vous le corps des âmes, le souffle des tempêtes, l’haleine d’Atlas pliant sous le poids des rochers ? — Êtes-vous la flamme 117 et la fumée des volcans, les réservoirs