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tu ? Tu t’agites, tu souffres, tu changes une ignorance contre une autre ignorance : tu t’en vas explorant, les unes après les autres, toutes les impasses du labyrinthe de la vie ; tu couvres de paroles et de titres ta science vaniteuse qui ne sait rien des faits. Mais quelle est ton origine, quelle est ta destinée ?…


N’auras-tu point pitié de moi, magnifique Soleil ? Tu tiens tant de mystères dans les plis de ta robe ; n’en laisseras-tu pas tomber un seul, avec un trait de feu, sur la pénible voie que poursuit mon courage ?

Irai-je ainsi jusqu’à la fin, aveugle de tes lumières comme le hibou de nos demi-ténèbres ? Irai-je ainsi jusqu’à la tombe, la sueur au front, l’angoisse à l’esprit, dormant un mauvais sommeil, haletant, rêvant sans cesse, épris de vains mirages ? Ne découvrirai-je jamais que la place où avancer mon pied droit, quand j’aurai posé le gauche ? Descendrai-je au fond de la nuit sépulcrale 106 avec l’âme myope comme les yeux, recevant sur mon front l’ironique adieu de ta gloire, l’éternelle clarté qui resplendit sur les créations.


Dis-moi, dis-moi, Soleil ! Sont-elles là depuis bien des années, les Alpes géantes ? Les notions que nous avons sur le temps suffiraient-elles pour évaluer le nombre des siècles qui les séparent de nous ? Et ces glaces que nous appelons éternelles, quand leur as-tu permis de se former sous tes re-